Le projet de parkings Place Aristide Briand est mentionné dans la convention « Action Cœur de Ville » signée avec l’État et approuvée par le Conseil Municipal du 19 / 11 / 18 à la majorité avec 8 abstentions.
La Place Aristide Briand est l’un des espaces les plus importants du centre-ville ancien. Centre de la vie sociale, des rencontres, marchés, brocantes, restos, jeux d’enfants, espace où l’on se croise, se retrouve, se rencontre, s’aime, à l’ombre quand le soleil rayonne. Elle est située au croisement de l’axe Nord-Sud et de l’axe Est-Ouest. Elle est au centre du secteur classé « Site Patrimonial Remarquable » (SPR) soumis à des règles d’autorisation spéciale d’urbanisme.
Le kiosque Franke, datant de 1882, fait partie des édifices à conserver impérativement suivant les indications des « Zones de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain » (Code de l’Urbanisme)
Les arbres de la place font partie des « Alignements d’Arbres à Préserver », tels que définis par le PLU et le Code l’Environnement.
La demande de permis de construire été déposée le 11/8/2021. Le projet prévoit la construction de 300 places de stationnement sur deux niveaux enterrés. L’entrée et la sortie des automobiles se feraient à partir de la Rue Gabriel Péri. Dans le Projet de Permis d’origine, il est écrit : le kiosque et les autres équipements de la place seraient démontés et remontés après travaux, une cinquantaine d’arbres protégés seraient déplantés et replantés lors de la finition de la nouvelle place.
Ce projet impacte l’ensemble du centre ville et contredit toutes les règles d’urbanisme élaborées pour préserver, restructurer et moderniser la ville :
. le SCOT du Bassin de Thau, le PLH Plan Local de l’Habitat de Thau Agglo, le PDU plan de Déplacement Urbain de l’Agglomération, le PLU de Sète.
Avec des objectifs repris dans tous ces textes
. Diminuer l’emprise de la voiture,
. Favoriser les modes de mobilité douce, les transports collectifs
. S’appuyer sur des parkings relais.
. Végétaliser l’espace urbain
À l’automne 2021, des informations ont circulé sur l’imminence des travaux. En moins d’une semaine, après une première réunion le 21 octobre à la salle des associations, des riverains et des citoyens d’autres quartier, beaucoup ne se connaissant pas lancent une pétition signée par plus de 13 000 personnes, à 70 % sétoises, créent un Collectif (2400 personnes quasiment toutes sétoises), créent l’Association Bancs Publics, actuellement 500 adhésions et affirment un choix clair d’indépendance à l’égard de toute force politique et de volonté de faire respecter les règles de droit.
Le 3 décembre 2021, au cours d’une réunion publique d’information, la Mairie présente des plans sommaires du parking et un calendrier précis de travaux commençant le 10 janvier. Le 24 décembre, l’Association Bancs Publics et une dizaine de riverains déposent au Tribunal une référé préventif demandant l’arrêt de tous les travaux annoncés sur la place, faute d’autorisation d’urbanisme.
De fait, la Ville est contrainte de suspendre les travaux prévus et de devoir produire des autorisations légales.
Elle dépose une Déclaration préalable de travaux le 17/1/2022, un Permis de Démolir concernant la place le 7/2/2022.
En conséquence, le tribunal, par ordonnance du 2/3/2022, rejette la requête de Bancs Publics, constatant l’absence de début des travaux et la volonté de la commune de produire des autorisations légales.
Depuis, le Permis de Démolir le Kiosque Franke a été accordé il y a 10 jours. Paradoxe ?
Un kiosque pourtant bien vivant, la Place du Vivant
Le 25 juin, pour la première fois, les créations musicales pour piano composées par Johan Franke, le donateur du Kiosque, ont été interprétées par Nadine Lavagna, en présence des descendants de Johan Franke.
Il a fallu 140 ans et la détermination de citoyens décidés à défendre cette place et cet édifice remarquable pour retrouver ces partitions et les faire jouer par une artiste de talent.
En même temps, aucun Permis de Construire le parking n’existe. Ni aucun Permis d’Aménager la place, ce qui est également une obligation légale. Détruire, sans pouvoir garantir aux citoyens pourquoi ? Le projet de permis déposé le 11 août dernier n’est toujours pas publié. Il a manifestement été substantiellement modifié depuis.
Pour répondre à nos critiques, la Mairie a abandonné le projet d’aménagement de la Place, tel qu’il est exposé depuis 3 ans en face du café Flore.
Elle annonce qu’elle replantera une centaine d’arbres au dessus du Parking, pour retrouver l’alignement d’arbres datant de 1841 (et non de 1892 comme elle le dit). En utilisant une technique dite de Tree Parker de plantation artificielle dans des fosses longitudinales de 1,40 de profondeur, avec un système d’irrigation et de nutrition permanente très onéreux. Même s’il s’agit de la même espèce d’arbres, leur potentiel de croissance est – dans ce système – deux à trois fois moins grand que celle des arbres en pleine terre se nourrissant naturellement. Un tilleul argenté en pleine terre atteint normalement 28 mètres.
Pour réaliser un tel système, le projet de permis de construire enfonce le parking de 1,50 plus profond. Ce n’est plus un volume de 30 000 m3 de terre et roches à sortir, mais 40 000 m3 à minima. Avec en conséquence un refoulement des eaux souterraines plus importants. Ce refoulement perturberait sérieusement l’écosystème local, avec des conséquences pouvant être graves :
- sur le bâti des rues notamment 11 novembre et 8 mai
- sur le quartier (cône de rabattement des eaux)
- sur les écoulements dans le canal et donc dans l’étang (équilibre fragile)
Tous ces problèmes ont été débattus pour la journée Place du Vivant, avec l’appui d’autres associations, dans différents ateliers, en élargissant la réflexion au moment où l’urgence climatique aggrave toutes ces questions. De grands experts, comme Francis Hallé présent à cette journée, soutiennent la lutte de notre collectif.