Un parking souterrain inutile et calamiteux

Le maire de Sète a décidé d’éventrer cette place, située en bordure de la zone piétonne, pour y construire, en plein centre-ville, un troisième parking souterrain payant de 300 places sur 2 étages (profondeur de sept mètres) dont les travaux titanesques, dus notamment aux problèmes d’étanchéité liés à la présence de l’eau à six mètres de profondeur, prendront officiellement trois ans.

Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un programme de construction de trois parkings souterrains dont le premier tout juste terminé se situe devant le théâtre, à moins de 500 mètres de l’Esplanade. Leur nécessité s’avère d’autant plus infondée que les relevés quotidiens menés par le Collectif Bancs Publics depuis plus d’un mois montrent que les parkings déjà existants en plein centre-ville, sont aux trois-quarts vides 10 mois sur 12 (chiffres à l’appui), soit près de mille places disponibles.

De gros doutes subsistent quant à la rentabilité réelle de ces dépenses exorbitantes, dont les déficits plus que prévisibles, devront être couverts par la population, par des impôts et des taxes.

Calamité écologique, économique et sociale, ce projet est tellement aberrant, tellement à contre-courant de toutes les évolutions urbaines et du programme « Action cœur de ville » négocié avec l’État – qui participe financièrement à la réfection du centre-ville – que la plupart des habitants le croyaient abandonné. Or il n’en est rien, les travaux sont programmés pour commencer début janvier 2022, sans permis de construire ni de démolir. Sans aucune autorisation, car cela aurait supposé une révision du Plan Local d’Urbanisme, avec l’enquête publique qui y est liée, pour supprimer la protection des arbres et leurs alignements remarquables. Mais était-ce possible au vu du Code de l’Environnement, qui dans son article l350-3 précise que «Le fait d’abattre, de porter atteinte à l’arbre, de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit » ? De plus, est-ce compatible avec les objectifs du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), du Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) et du Plan de Déplacement Urbain (PDU), adoptés par l’Agglo et qui tous insiste sur la nécessité de réduire l’emprise de la voiture sur le centre ville ?

Une opacité organisée

Le 3 décembre 2021, trois ans après la première annonce du projet (en 2018), une réunion publique d’information organisée par la Mairie s’est tenue au Cinéma Comœdia devant une salle comble. L’assistance est scandalisée par l’annonce de l’imminence des travaux alors qu’aucune enquête publique, ni consultation des riverains et usagers, n’ont été réalisées à ce jour. Cette réunion reprend les déclarations contradictoires déjà faites à la presse et oralement à propos des nombreuses questions que se posent les usagers.

Le programme affiché par la Municipalité se déroule en trois temps :

–   démontage du mobilier urbain (espace de jeu pour enfants, bancs publics, etc.) et du kiosque en janvier, suivi par le déracinement de plus de cinquante arbres.

–   début de la construction du parking en avril 2022 dont les travaux devraient durer deux ans.

–   2024, aménagement d’une nouvelle place à propos de laquelle, en l’absence de plans, les citoyens sont dans le flou total. Les informations de la Municipalité sont contradictoires : notamment autour du devenir de l’aire de jeux et sur les arbres. Ainsi, affirmer que « les Sétois retrouveront leurs arbres » après la construction du Parking est impossible : aucun arbre de haute tige ne saurait se développer dans un pot, quelle que soit la dimension du pot. Le dessin publicitaire affiché au coin de la place montre d’ailleurs une place sans arbres, sauf ceux longeant la rue du 8 mai 1945.

Une politique du béton

Ce projet s’inscrit dans une politique globale de minéralisation de la ville, poursuivie depuis de nombreuses années, et on pourra s’interroger sur les multiples casquettes du maire. Élu et réélu depuis 2001, il est à la fois président de la communauté d’agglomération « Sète Agglopôle Méditerranée », président du conseil d’administration de la SA ÉLIT (Société Anonyme d’Économie mixte d’Équipement du Littoral du bassin de Thau), gérant de deux sociétés immobilières (Immobilière Loumi et la SCI DCR), PDG de la polyclinique Sainte-Thérèse à Sète dont son fils est directeur. Mais surtout, il est le président de la SPLBT, société maître d’ouvrage, chargée de la construction des parkings.